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Pendant trois ans, j'étais l'un des meilleurs danseurs de Québec ou presque.

Cher ami(e),

Jusqu’à mes 20 ans, j’avais toujours cru que j’étais un mauvais danseur, que je ne savais pas danser. J’étais tellement pas bon que je commençais à questionner mon appartenance à la race noire. Je me posais toujours la question de savoir quand Dieu donnait le don de la danse aux autres noirs, j’étais où moi ? Toutefois, avec le temps j’avais fini par accepter cette réalité qui m’avait poussé vers le rap car, au moins avec ce genre musical, je n’avais pas besoin d’exhiber des pas de danse compliqués. Tout cela a complètement changé lorsque je suis arrivé au Québec.

Un nouveau départ

En effet, en septembre 2012, je débarque officiellement à l’Université Laval comme nouvel étudiant étranger. Comme à chaque rentrée, les étudiants organisent un show de la rentrée. Des bands et des artistes y sont invités pour agrémenter la soirée. C’est donc en participant à cet événement que s’est amorcée ma transformation en danseur hors norme.

Des personnes dans un show

Ce jour là, j’étais un peu en retard. J’entre dans la salle et je vois les gens bouger dans tous les sens. Les gens étaient très chaud. Ma première réaction était: “Tiens quel désordre! Pourquoi les gens bougent dans n’importe quelle direction ?”
Toutefois, j’ai vite compris qu’ils n’étaient pas juste entrain de bouger, ils étaient bien entrain de danser. Ça avait l’air facile, je me suis aussitôt mis à danser aussi et le temps d’une soirée, j’avais dansé plus que je n’avais jamais dansé toute ma vie. C’était la toute première fois de ma vie, où, dans un party, je pouvais légitimement dire que j’étais dans le top 5 des meilleurs danseurs 😂.

Cher ami(e), depuis ce jour là, je dansais dans tous les partys universitaires auxquels je participais: La dérive au Vachon, L’Oktoberfest à Sherbrooke, Le party des gens (étudiants ?) en Admin, etc… J’étais tellement dans une lancée que j’ai fini par me convaincre au fil du temps que je n’étais finalement pas si pire comme danseur. (C’est ma façon politiquement correct de dire que les blancs ne savent pas danser. Et je ne suis pas raciste. En fait un noir ne peut pas être raciste 😅)

L’expérience “danses latines”

Malgré cette confiance renouvelée en mes capacités des danseurs, je n’arrivais pas à reproduire le même zèle lorsqu’il s’agissait des danses avec partenaires. En fait, je n’avais juste jamais appris à danser à deux auparavant. En 2015, j’ai donc décidé de m’inscrire au cours des danses latines à l’Université Laval. J’avais maintenant totalement confiance en mes capacités de danseur et je voulais atteindre un autre nouveau. Les danses latines étaient pour moi cette porte vers le monde de la danse à deux. Je me disais si les québécois pouvaient pratiquer la Salsa, je pouvais le faire aussi, il suffisait que j’apprennes rapidement 🤞🏾(no offence).

Des personnes dans un cours de danses.


Les cours devaient se faire en 10 séances qui devraient culminer par un spectacle devant des centaines de personnes pendant lequel nous devrions exhiber quelques pas de danse que nous avions appris. J’avais vraiment hâte à cet événement. Ça allait être une occasion pour démontrer mon nouvel arsenal de danse aux yeux du monde.

La première séance du cours s’était bien déroulé, c’était des pas simples, les temps, etc… C’était super, on avait du fun, je bougeais très bien, ça me rappelait mon expérience de servant de messe. Ça ressemblait drôlement aux pas que nous faisions à l’époque seulement cette fois avec une partenaire de danse. C’était très facile.

La deuxième séance, c’était pareil. Des rythmes un peu plus complexe mais toujours des simples mouvements, ça allait encore bien, je commençais déjà à m’imaginer comment j’allais être impressionnant dans ces fêtes latines de Miami.

C’est à la troisième séance que les choses ont commencé à devenir intéressantes. Il fallait maintenant bouger la hanche. Je ne vous dirai pas comment ça s’était déroulé ce jour là mais voici ce que mon professeur m’avait dit à la fin du cours et ce, avec l’accès québécois le plus cliché que vous pouvez imaginer:

Crime, Ehh généralement les “nouers”, y sont bons à la danse mais toé là, tu peux même pas bouger la hanche, t’as l’air plutôt bloqué en dessous, t’es-tu correct mon ami ?

Je n’avais plus participé à aucune séance après ce jour là.

L’épiphanie 🤯

En fin de compte, j’ai fini par réaliser que je n’allais probablement jamais être un aussi bon danseur que la plupart de mes frères africains, que je devrais probablement vivre avec le fait que je ne bougerai jamais ma hanche comme Innoss’B.

Toutefois ce que le Québec m’a appris, c’est qu’on a pas vraiment besoin d’être un bon danseur pour danser! Ce qui compte c’est être chaud et bouger dans n’importe quelle direction.

À la prochaine ✌🏾